Le rythme des levées de fonds s'accélère - L'Agefi

ACTUALITE I 12 October 2015

Les jeunes pousses de la « fintech » se développent vite et les tours de table supérieurs à 10 millions d’euros sont de plus en plus fréquents.

Pour sa cinquième levée de fonds, Prêt d’Union pensait avoir vu grand, mais la jeune société sous-estimait l’intérêt des investisseurs pour les fintech. En début d’année, la star française du crowdlending envisageait de lever un peu plus de 20 millions d’euros. En juin, elle a finalement bouclé sans peine une levée 100 % française de 31 millions. A cette occasion, les investisseurs historiques de Prêt d’Union ont été rejoints par Eurazeo qui a engagé plus de 15 millions d’euros via son fonds Eurazeo Croissance. « Les start-up du secteur de la ‘fintech’ passent très rapidement de la phase de démarrage à la phase de développement, puis encore plus vite à l’industrialisation. Les montants levés sont donc de plus en plus importants », explique Bernard-Louis Roques, cofondateur et directeur général de Truffle Capital. Le fonds a investi dans Paytop en 2014 et dans Credit.fr en 2015. « Paytop passera au stade de l’industrialisation en 2016 par exemple et ses besoins seront alors démultipliés », prédit-il. La levée de fonds de 15 millions d’euros de SlimPay auprès du fonds de capital-développement néerlandais Prime Ventures en juillet témoigne elle aussi des besoins de financement accrus des fintech. Créée en 2009, l’entreprise, qui propose un service innovant de prélèvement en ligne, souhaite désormais accélérer son développement en France et attaquer le marché européen. L’un des dirigeants, Jérôme Traisnel, est un « serial entrepreneur », une caractéristique appréciée des investisseurs. En retour, Prime Ventures fait également profiter SlimPay de son expérience : l’un des cofondateurs de Global Collect (Prime Ventures avait soutenu la société ensuite vendue à Ingenico en 2014) a ainsi rejoint le conseil d’administration de la start-up. Au cours des six premiers mois de l’année, la fintech tricolore a déjà levé 56 millions d’euros (dont 31 pour Prêt d’Union), indique le baromètre du capital risque d’EY. Pour la première fois, la fintech intègre le Top 5 des secteurs les plus financés par le capital-risque en France (derrière la technologie, les services internet, les logiciels et les sciences de la vie). « Les exemples de Lending Club aux Etats-Unis [l’entreprise a rassemblé 850 millions de dollars pour son introduction en Bourse en décembre dernier, NDLR] ou de Funding Circle en Grande-Bretagne laissent présager des levées de fonds de plus en plus importantes, en particulier pour le ‘crowdfunding’ », estime Franck Sebag, associé chez EY.

Une concurrence féroce Le second semestre devrait lui aussi être actif, avec déjà deux tours de table supérieurs à 10 millions d’euros. Outre SlimPay, Financière des Paiements Electroniques (Compte Nickel) a bouclé une levée de fonds de 10,2 millions, dont 4 millions apportés par Partech Ventures. En trois ans, la société, qui permet d’ouvrir un compte en contournant les banques, a déjà attiré 33,9 millions d’euros. « Les tours à plus de 10 millions deviennent plus fréquents », constate Matthieu Baret, associé spécialiste du venture capital chez Idinvest. « La hausse des valorisations dans la ‘tech’ ne concerne pas seulement les Etats-Unis. Mécaniquement, les premiers tours sont 30 % à 40 % plus élevés qu’il y a un an », explique-t-il. Les jeunes pousses se livrent une concurrence féroce. « Il existe une très forte prime au premier entrant et les start-up de la ‘fintech’ doivent lever beaucoup si elles veulent prendre de l’avance », souligne Matthieu Baret. La plate-forme de financement participatif WiSEED envisage ainsi une introduction en Bourse d’ici à deux ans. Les acteurs français du capital-risque eux aussi sont soumis à forte concurrence. « Les fonds américains sont beaucoup plus présents depuis deux ou trois ans. Non seulement les valorisations leur paraissent attractives mais surtout, les Européens ont largement démontré leur capacité à développer des ‘unicorns’ [sociétés technologiques dont la valeur dépasse le milliard de dollars, NDLR] », note l’associé d’Idinvest. S’y ajoutent des investisseurs traditionnellement plus éloignés du capital-risque comme Eurazeo, des groupes de technologie ou de média, tel Schibsted, et surtout des institutions financières comme Allianz, AG2R ou Crédit Mutuel Arkéa. Groupama Banque a aussi monté un partenariat avec Unilend, s’engageant à prêter 100 millions d’euros à des entreprises via la plate-forme. Une façon de ne pas se laisser déborder par les nouveaux venus et de profiter de leur dynamisme.

Sophie Rolland - L'Agefi Hebdo

 

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