Réduire le coût des transferts - Le Magazine de l'Afrique

ACTUALITE I 04 April 2016

Les organisations internationales souhaitent réduire le coût des transferts, problème particulièrement aigu pour le continent, le plus cher pour ce type d’opérations financières.

Le coût moyen du transfert d’argent vers l’Afrique est le plus élevé au monde. L’enjeu pour les organisations inter-nationales (BAD, Banque mondiale, etc.) est de bancariser ces flux entrants en Afrique afi n qu’ils contribuent à l’économie. L’objectif, plus ou moins clairement affi ché, est de formaliser ces montants considérables en provenance des pays de l’OCDE dès leur arrivée sur le continent, alors que les transferts alimentent encore pour une grande partie le secteur informel. Selon la Banque mondiale, le continent a reçu 66,5 milliards $ de transferts d’argent des migrants en 2014, soit 11 % des 583 milliards $ à l’échelle mondiale.

Globalement, il s’agit de ressources importantes, inférieures aux investis-sements directs étrangers (750 milliards $) mais équivalents à la dette du secteur privé et supérieurs à l’aide publique au développement, laquelle n’augmente pas (un peu plus de 100 milliards $ en 2014). L’enjeu est important pour le continent africain. Selon Hans Timmer, directeur du Groupe des perspectives de développement à la Banque mondiale, « malgré l’impact de la crise économique mondiale sur les flux de capitaux privés, les flux d’envois de fonds vers les pays en développement demeurent robustes ».

Dans le trio de tête des pays destinataires, le Nigeria (21 milliards $, 31,4 % des flux de migrants entrants sur le continent), suivi de l’Égypte (19,6 milliards $, 29,5 %) et du Maroc (6,9 milliards $, 10,5 %). Le Yémen a reçu 3,4 milliards $ la même année, la Tunisie 2,3 milliards $, l’Algérie 2 milliards $, le Sénégal 1,6 milliard $, le Kenya 1,5 milliard $, l’Afrique du Sud et l’Ouganda 1 milliard $ chacun, le Mali 900 millions $. Pour les 41 pays africains pour lesquels la Banque mondiale a des données, les transferts d’argent des migrants contribuent à hauteur de 4,2 % au PIB (20 % pour le Liberia ou la Gambie). Du point de vue du pays expéditeur, les flux au départ de la France représentaient 13,4 milliards $ en 2013, contre 4,4 milliards$ en 2003.

Un tiers est dirigé vers le Maghreb. On estime qu’en parallèle 15 milliards $ circulent de façon informelle au départ de la France. Pourtant, confie Doula Mokao, commerçant touareg de Foudouk au Niger, un transfert reste cher et sous forme d’espèces dès que l’on n’est pas en ville : « J’utilise MoneyGram principalement et Ria pour envoyer des fonds à ma famille lors de mon voyage en France tous les ans. Que je dépose des espèces au guichet en France ou que j’envoie par Internet, il faut de toute façon aller en ville au guichet pour récupérer les fonds au Niger».

Ce qui a un coût, puisqu’il faut parcourir 117 km pour aller à Agadez recouvrer la somme. Dans les États de la Zone franc, à faible niveau de bancarisation, l’essentiel des opérations de transfert prend la forme de transferts instantanés dont l’exécution intervient selon les pays, soit dans des guichets propres aux sociétés de transfert d’argent, soit par l’intermédiaire d’agents et sous-agents (banques commerciales, institutions de microfinance et agences postales).

Au Maroc, ils représentaient en 2012 encore 32 % des montants transférés. Les transferts bancaires moins rapides prenant un jour ou plus demeurent marginaux d’autant que le coût de l’interface SWIFT reste souvent supérieur à celui du transfert rapide offert par les opérateurs. Les mandats postaux semblent avoir partout disparu.

Les organisations internationales veillent

Le G20 développement a invité les différents pays à produire un plan d’action visant à réduire le coût des transferts d’argent. La moyenne mondiale fait état d’un coût du transfert de 7,5 %, alors que le Trésor français et l’AFD l’ont évalué à 7,2 % pour la France. Un coût de 5 % à horizon 2015 fixé par la Banque mondiale dans le cadre des Objectifs du millénaire n’est clairement pas atteint. Les 17 Objectifs de développement durable (ODD, qui prennent pour la période 2015-2030 le relais des Objectifs du millénaire OMD, adoptés en 2000) discutés en juillet 2015 à Addis Abeba, veulent porter ce coût en 2030 à 3 % en moyenne mondiale, et 5 % maximum par couloir, c’est-à-dire entre deux pays.

Selon les derniers chiffres de la base de données Send Money Africa de la Banque mondiale, les Africains déboursent plus que n’importe quel autre groupe de migrants pour envoyer de l’argent chez eux. L’Afrique subsaharienne est la destination la plus coûteuse du monde en la matière : les frais moyens de transfert depuis l’étranger de 200 $ sont de 11,5 % fin 2014 (contre 12,4 % en 2012).

Selon la base de données Remittance Prices Worldwide, le coût moyen de transfert mondial de 200 $ a légèrement diminué à 7,7 % au 1er trimestre 2015, contre 8 % au dernier trimestre 2014. Le coût moyen mondial de transfert via les opérateurs de transfert d’argent a diminué à 8 % au 1er trimestre 2015 (8,2 % fin 2014). Fin 2014, le transfert d’argent vers Singapour ou les Émirats arabes unis était le moins cher, quand il dépasse 8 % vers l’Asie de l’Est, le Pacifique et la région MENA. Les transferts d’argent vers l’Asie du Sud bénéficient des tarifs les plus faibles au monde (6 %).

Le fait de ramener le coût des transferts d’argent à 5 % du montant transféré restituerait 4 milliards $ aux migrants africains et à leurs familles. « Le coût élevé des transactions réduit le montant des envois de fonds, qui constituent un moyen de subsistance pour des millions d’Africains », selon Gaiv Tata, directeur du département des pratiques mondiales en matière d’inclusion et d’infrastructure financière à la Banque mondiale. « Les envois de fonds aident beaucoup les ménages à faire face aux besoins immédiats et à investir dans l’avenir : la réduction des frais de transfert aura donc un effet notable sur la pauvreté».

Consacrés essentiellement aux dépenses d’éducation, de santé, de consommation courante, les transferts d’argent des migrants jouent un rôle essentiel dans la réduction de la pauvreté et sont un enjeu majeur du financement du développement, aux côtés de l’aide publique au développement mondiale. Selon l’AFD, il s’agit souvent de petites sommes transférées de façon régulière (200 à 300 euros en moyenne). David Boucher, président de Paytop, confirme : «Dans notre activité transfert d’argent, on retrouve une population plutôt étrangère et assez jeune. On le constate dans les paniers moyens : en ce qui concerne les transferts, ils sont de 250 euros, alors que sur le change, nous sommes dans une fourchette comprise entre 600 et 650 euros. »

Pour Massimo Cirasino, de la Banque mondiale, « il est possible de mettre en oeuvre des mesures concrètes pour abaisser le coût des transactions en procédant à des réformes d’ensemble portant sur les points suivants : la transparence, la concurrence, la suppression des obstacles juridiques, l’amélioration de l’infrastructure des systèmes de paiement, et l’amélioration de la gouvernance et de la gestion des risques pour les prestataires de services d’envoi de fonds. La réduction des coûts n’entraînera pas forcément une compression des bénéfi ces pour ces derniers, car le coût des services dépend souvent de facteurs extérieurs. En revanche, une baisse des coûts entraînera une intensification des transactions de la part des travailleurs expatriés, et, partant, une augmentation du volume à traiter par les prestataires de services ».

L’aide de la technologie

À l’heure actuelle, selon Send Money Africa, ce sont les banques qui pratiquent les tarifs les plus élevés parmi tous les prestataires de services d’envoi de fonds. Elles sont en outre souvent le seul circuit fi nancier auquel les migrants africains ont accès. Pour la Banque mondiale, « les améliorations technologiques contribuent à réduire les coûts. En particulier, les coûts de transfert de fonds dans la région d’Asie du Sud sont susceptibles de diminuer davantage au fur et à mesure que les sociétés de transfert de fonds et opérateurs de monnaie mobile collaborent avec les banques de la région pour fournir des services de transfert instantané d’argent (par exemple, en Inde et au Pakistan). Des entreprises similaires voient également le jour en Afrique. Par exemple, au Zimbabwe, une société de cartes de crédit propose des services de transfert de fonds aux possesseurs de comptes d’une banque donnée ». La digitalisation des transferts d’argent domestiques vers les zones rurales a permis d’en réduire le coût de 20 % au Cameroun.

En février 2015, Paytop revendiquait 50 000 comptes pour sa carte Master-Card multidevises prépayée et rechargeable en ligne, 18 mois après son lancement. L’innovation réside dans l’absence de frais bancaires lors des opérations de retrait, de transfert d’argent et de paiement à l’étranger. Outre les cartes multidevises, Paytop propose le transfert d’argent, l’achat de devises livrées à domicile et le transfert de crédits de communication (Airtime). Son président, David Boucher, a bien d’autres projets en tête : « Au niveau international, de nouvelles pratiques se font jour. De nombreux pays émergents sont à la recherche de nouvelles formes de transfert. En Afrique, par exemple, vient de voir le jour un nouveau projet qui permettrait d’acheter de l’électricité pour réaliser localement des règlements de consommation électrique. Tout cela alimente notre réflexion. » L’opérateur africain de transfert d’argent Money Express s’est allié à KCS Transfer pour étendre son réseau en émission ; la valeur ajoutée de KCS repose sur son utilisation des DAB en émission et en retrait : dès lors que le DAB est paramétré, ce qui suppose l’accord de la banque, le client peut débiter sa carte pour transférer l’argent vers le bénéfi ciaire. Le service est également accessible en émission depuis Internet (acquisition carte).

La Banque mondiale expérimente en France et en Italie une application mobile (Pick Remit) qui indique localement où eff ectuer le trans- fert d’argent à moindre coût en fonction du pays expéditeur et destinataire. Suite à une décision du Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement (Cicid) du 18 juin 2006, l’AFD a constitué, en novembre 2007, l’Observatoire des coûts d’envoi d’argent à l’étranger via un site Internet envoidargent.fr, dont le principal objectif est d’« encourager la transparence des coûts et une meilleure connaissance des modalités de transfert ». La jeune société Afrimarket propose aux migrants une autre façon d’aider leur famille restée au pays en achetant des biens – Cash to Goods – au lieu de Cash to Cash –, ce qui présente un double avantage : diminuer de 12,5 % à 5 %, en moyenne, la commission payée par le client et lui donner l’occasion de contrôler la destination de son versement.

Une activité rentable pour les opérateurs

Selon le GSMA, Western Union et Bics’s HomeSend étaient, en 2013, les deux princi-paux hubs au niveau mondial, connectant 70 % des solutions mobiles supportant les transferts d’argent internationaux. Selon le rapport d’Épargne sans frontières de 2012, « partout, les marges bénéficiaires restent appréciables. Ce contexte semble favoriser la stabilisation et non la baisse des coûts des transferts et justifie d’autant plus une action des États aux plans national, bilatéral et multilatéral pour réduire ces coûts, en se basant sur les conclusions et recommandations du Sommet du G20 à Cannes de novembre 2011 ».

Bi-bancarisation 

Les coûts des opérateurs peuvent s’expliquer par la nécessaire mise en conformité avec les règles internationales de lutte contre le blanchiment, qui obère le coût des banques commerciales et opérateurs de transfert d’argent, et retarde l’entrée de nouveaux acteurs et l’utilisation de la technologie mobile. Mais pas seulement. L’activité est rentable pour les opérateurs. Western Union a ainsi annoncé un bond de 28 % de son bénéfice net 4e trimestre 2014, pour atteindre 221,5 millions $, contre 173,5 millions $ un an plus tôt. Western Union a longtemps pratiqué des coûts de transfert élevés, mais face aux nouveaux entrants, l’opérateur a corrigé ses commissions aux environs de 5 % (10 % sur les petits montants, 3 % sur les montants plus élevés), voire un coût unique (5 euros).

L’arrivée et le développement rapide de nouveaux acteurs démontrent l’ampleur du marché et qu’il est possible de diminuer les prix. Ainsi, le français Paytop est né en 2012 avec l’ambition de réduire le coût de la livraison de devises à domicile et celui du transfert d’argent à l’étranger. Les tarifs sont de 4 euros pour moins de 150 euros envoyés et 8 euros au-delà, soit 4 % pour un transfert de 200 euros. En 2014, la start-up financière a doublé le nombre de ses clients pour le porter à 45 000, avec 14 millions d’euros de flux financiers traités.

Visant à se positionner comme « le leader français dans les paiements en ligne internationaux », elle ambitionne d’atteindre 100 000 clients fin 2015 et traiter 30 millions d’euros. Pour ce faire, PayTop a élargi en 2014 ses activités de transfert d’argent vers 104 nouveaux pays (portant à 138 le nombre de pays et à 50 000 le nombre de points de retrait de cash dans le monde), se renforçant notamment sur quatre corridors stratégiques pour le marché du transfert d’argent français : l’Algérie, la Tunisie, le Liban et le Vietnam. « Nous sommes surtout perçus comme un acteur du transfert d’argent vers l’Afrique, cela sera moins le cas à l’avenir. Il ne nous manque plus que la Chine… », commente David Boucher, président de PayTop.

Le 25 juin 2015, la société a lancé le produit de transfert instantané et gratuit entre particuliers, appelé Card2Card, produit multidevises (euro, dollar, livre sterling) et sans frais de change. La loi française du 7 juillet 2014 « d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale » est susceptible de faire évoluer la bi-bancarisation des populations émigrées en France et la forme de leurs transferts vers leur pays d’origine.

Après un long lobbying, des banques marocaines en particulier, pour obtenir cette exception aux règles françaises en matière de démarchage bancaire et financier – et en conformité avec les recommandations du G8 de l’Aquila (2009) et du G20 de Cannes (2011) – elle autorise enfin les banques étrangères non agréées en France à commercialiser sur le sol français leurs services bancaires. En février 2015, une étude commanditée par la BAD, la France et l’AFD, a émis plusieurs recommandations visant à réduire les coûts des transferts d’argent des migrants et optimiser ainsi leur impact sur le développement.

La bi-bancarisation désigne l’accès à la banque des migrants, à la fois dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine, dans le cadre d’une action coordonnée Nord-Sud entre les banques. Elle serait à la fois un outil d’intégration sociale et financière pour le migrant dans son pays d’origine, ainsi qu’un outil contribuant à la mobilisation de l’épargne transférée, en particulier en faveur du développement local.

Lorsque l’on s’intéresse plus particulièrement aux pays bénéficiant de flux d’argent extérieurs, on peut noter que l’importance des corridors (en termes de volume d’argent transféré) est loin d’être identique, tout comme l’ancienneté dans l’établissement. Mais on peut également constater que toutes les études ou presque appréhendent la question avec un prisme européen pour ce qui concerne le pays d’origine des flux. Il ne s’agit pas que de l’argent des « migrants », vu du prisme européen, mais des transferts « transfrontières » ou « internationaux ».

Quid de l’Afrique vers l’Afrique ? 

Quid des flux intra-africains ? Tous les pays africains sont aujourd’hui servis depuis l’Europe, beaucoup moins entre eux. Alors que les migrations se font autant intra Afrique que vers les pays de l’OCDE. Selon le 2014 International Migration Outlook de l’OCDE, seuls trois pays africains (Maroc, Nigeria, Algérie) figurent dans la liste des 50 principaux pays d’origine des migrations définitives vers l’OCDE en 2013. L’Afrique de l’Ouest à elle seule abriterait autant de migrants africains que l’OCDE (plus de 7 millions de personnes).

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, près de 19,3 millions de personnes sont concernées par les migrations à travers les régions d’Afrique, soit 1,9 % de la population totale du continent. Selon la Banque Mondiale, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Ghana, Nigeria, Burkina Faso, Kenya, Soudan, Tanzanie, Ouganda et Éthiopie sont les pays au plus grand pouvoir d’attraction. Dans les pays africains francophones, existent nombre d’agents non régulés. Une partie des envois d’argent y transite par des commerçants, des compagnies de transport et des agences de voyages.

Dans quelques cas (comme au Cameroun), les agents de change participent aussi aux envois d’argent. Ces opérateurs constituent un élément important du paysage, bien que leur poids soit difficilement quantifiable, puisque relevant de l’infor- mel. Les agents non régulés sont, par contre, quasi inexistants au Maroc et en Tunisie. Au Cameroun, les commerçants proposent divers biens de consommation aux bénéfi ciaires des envois d’argent, contre un paiement (parfois diff éré) depuis le lieu de résidence de leurs parents résidant à l’étranger.

Des établissements bancaires se sont saisis de la demande. La Banque Atlantique a ainsi mis en place le service Africa Transfer (vers la Guinée Conakry depuis les pays de l’Uemoa). La sud-africaine Standard Bank vient d’annoncer l’extension de son service InstantMoney au Botswana et à l’Ouganda, qui seront suivis de la Namibie. À la réception, les fonds sont accessibles sur un DAB de la Standard à l’aide d’un simple code. S’il permet d’envoyer des fonds vers plusieurs pays africains, le service WordRemit n’est accessible que depuis un seul pays du continent : l’Afrique du Sud. L’utilisation des technologies mobiles de transfert d’argent transfrontalier reste limitée. Selon GSMA, les transferts internationaux intra-Afrique sont aujourd’hui proposés par les dix principaux opérateurs de mobile (ils étaient deux en 2012 et quatre en 2013).

Mais ils ne captent encore qu’une toute petite partie des flux (50 000 transferts au 1er semestre 2013). La valeur des envois de fonds internationaux via les téléphones mobiles représente moins de 2 % (10 milliards $) des fl ux globaux de transferts de fonds (542 milliards $) en 2013. Dans le cas du Sénégal, par exemple, les transferts dans le sens pays d’origine – pays de résidence se heurtent à l’existence d’une réglementation très stricte, qui impose une autorisation préalable du ministre des Finances pour les transferts en dehors de la Zone franc, en limitant la possibilité d’ouverture de comptes non-résidents. Ainsi, la réglementation des changes, mais aussi le manque d’interopérabilité internationale des systèmes mobiles, les règles internationales de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, rendent difficiles les flux transfrontières au sein du continent africain et créent des barrières à l’entrée de nouveaux acteurs.

Le manque d’interopérabilité entre les diff érents types de comptes (comptes bancaires et compte de monnaie mobile par exemple) et entre les différents systèmes de monnaie mobile domestiques obère le développement des transferts d’argent via le mobile, en particulier entre pays du continent. Il y a ici matière à adapter les cadres réglementaires des pays afi n de favoriser la concurrence, et simplifier la mise en oeuvre de la réglementation internationale pour les transferts de faible risque et de faible valeur.

Dans tous les cas, le prix de transfert est assurément de loin supérieur aux 5 % prônés par la Banque mondiale, aux larges dépens de la population africaine. Ici encore, les préoccupations africaines rejoignent celles des opérateurs et banques internationales qui travaillent à développer des off res de transfert PtoP et PtoC au travers des nouveaux canaux de distribution digitaux.

ENCADRE

Typologie des acteurs

Plusieurs acteurs interviennent sur ce segment de marché : des banques (vers leurs filiales ou maison-mère à l’étranger ou des banques correspondantes), des sociétés de transfert d’argent (Western Union, MoneyGram, MoneyGlobe, Express Union, etc.), des opérateurs alternatifs (Paypal, Flouss – l’ancêtre de Paytop, Skrill, Hal Cash, etc.), des systèmes carte internationaux (Visa – MoneyTransfer, MasterCard – MoneySend), des partenariats (La Poste – Trans’med avec Attijari ou Western Union).

Pour concurrencer les banques, les nouveaux entrants mettent l’accent sur des délais réduits de transfert et des barèmes simples (les banques annoncent deux jours de délai). Les banques françaises ont un avantage certain dû à la taille de leurs bases clients, la densité de leur réseau (domestique, filiales en réception, correspondants étrangers). Certaines banques ont commencé à développer des solutions pour réaliser ces transactions (BNP Paribas a noué un partenariat fort avec Orange, BPCE a lancé S-money, la Société Générale a lancé une offre de transfert domestique au Sénégal), mais semblent avoir des positionnements trop haut de gamme pour capter des clients à faible valeur, voire pour servir des non-clients. WesternUnion permet l’envoi d’argent en ligne par débit carte (Carte à cash), Cash à Cash ou Cash à compte mobile depuis les réseaux agréés, tandis que MoneyGram et MoneyGlobe ne réalisent que des opérations d’espèces à espèces, dans un réseau d’agents agréés (presse, boutiques télécom…). Société africaine créée en 2002 (basée à Dakar), Money Express revendique une intervention dans plus de 50 pays, au travers de 200 000 points de vente et 550 partenaires. Money Express propose une multitude de formes de transfert d’argent : Cash à cash, Cash à compte, Compte à cash, Cash à carte, Compte à compte, en ligne ou via un mobile. Azimo reçoit les fonds par carte ou virement, et, selon le pays, livre en espèces auprès du partenaire local ou sur un compte bancaire (via SWIFT si le client souhaite un virement le jour même), un portefeuille ou compte mobile. L’offre Paypal permet de transférer des fonds de compte à compte Paypal. L’offre Paypal est, par exemple, ouverte au Maroc, mais avec des fonctionnalités réduites. Il est ainsi possible de virer des fonds depuis le compte Paypal sur la carte Visa émise au Maroc ou vers le compte bancaire du client aux États-Unis.

Le site www.envoidargent.fr

Une convention cadre a été signée en vue de la mise en oeuvre d’un observatoire des transferts fi nanciers internationaux, entre la DGT, l’AFD et les opérateurs de transfert (banques, sociétés de transferts de fonds) en 2007. L’objectif affiché est d’« évoluer vers une baisse des coûts et davantage de transparence », grâce à la mise en évidence des pratiques des établissements de transfert (ceux qui proposent ce service) ainsi que de celles des diasporas (qui transfèrent de l’argent vers leur pays d’origine). Le site couvre dix banques et huit opérateurs de transfert, ainsi que 26 couloirs de transfert. L’outil de comparaison des coûts propose un certain nombre d’options, comme le tri par coût et par montant, le fi ltre par somme envoyée, le lien vers un convertisseur, la fenêtre de simulation du coût global. Les principaux objectifs consistent à informer sur les modalités de transfert ; encourager la transparence des coûts et contribuer à une baisse des coûts ; créer un espace interactif de participation et de contribution ; promouvoir les actions connexes aux transferts de fonds (projets, services,…) ; valoriser les projets de développement, illustrant le transfert d’argent. Le site a été certifié par la Banque mondiale depuis 2013. Elle s’intéresse au site en raison de son succès croissant : sa fréquentation est passée de 56 000 visites par an en 2010 à 200 000 en 2014.

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