Transferts d’argent : les acteurs non bancaires ont déjà bousculé le marché - Les Echos

ACTUALITE I 25 March 2015

Sur le marché des transferts de devises, l’arrivée de « pure players » depuis 2008 a contribué à faire baisser les prix en moyenne de 2 % dans le monde, selon le BCG.

Pour les pure players de la « Fintech » à l’affût d'opportunités dans la sphère financière, la conquête de la manne que les migrants renvoient dans leurs pays d’origine chaque année est au cœur de leurs projets de développement. « Dans ce marché où les acteurs historiques bénéficiaient de marges confortables, l’innovation a mis du temps à prendre pied, mais le développement des nouvelles technologies et l’assouplissement de la réglementation européenne ont eu un effet accélérateur pour les “pure players”. C’est devenu un de leurs terrains de jeu privilégié », confirme Grégoire Toussaint, manager chez Edgar Dunn & Company. A la clef pour ces acteurs, des flux de transactions en croissance de 4 % par an en moyenne, qui devraient s'élever au total à plus 549 milliards de dollars fin 2013, selon les chiffres collectés par le Boston Consulting Group (BCG). Soit 414 milliards de dollars entre les pays développés et le reste du monde et 135 milliards exclusivement entre pays en développement.

Depuis la directive européenne des services de paiement (DSP) de novembre 2009, qui a ouvert les portes de ce marché aux établissements de paiement non adossés à des banques, de nombreux acteurs ont tenté leur chance : des britanniques comme Azimo ou Transfer-Wise (lire ci-contre), mais aussi des français comme PayTop. En cassant les prix et en offrant des services digitalisés sur des échanges entre des destinations bien spécifiques, ils parviennent peu à peu à gagner du terrain sur les acteurs historiques, et à tirer les tarifs du marché à la baisse. Au total, les prix des commissions prélevées lors des transferts ont ainsi été réduits à moins de 6,5 % du montant de la transaction, en moyenne dans le monde fin 2013, contre plus de 8 % en 2008, selon les chiffres du Boston Consulting Group.

Les acteurs historiques ne se sentent toutefois pas encore menacés. Car pour l’heure les transactions en  « cash » restent en effet largement majoritaires. « Certains clients maîtrisent mal le français, ils restent donc très attachés à la présence de réseaux physiques pour les accompagner dans leurs démarches », explique un expert. Ainsi, pour Western Union, les transactions digitales ne représentent aujourd’hui qu’à peine 10 % de ses flux annuels dans le monde.

Toutefois, les poids lourds du secteurs doivent anticiper l’avenir. Ils préparent donc leur riposte digitale. MoneyGram, deuxième acteur du marché français derrière Western Union, mise ainsi sur son partenariat avec la plate-forme Topengo pour capter les transferts d’argent en ligne, avant de lancer sa propre plate-forme dans les prochains mois. Et pour capter les flux physiques qui lui échappent, du fait des horaires d’ouverture des 600 bureaux de tabac distribuant son offre en France, le groupe américain mise aussi sur le libre-service. Grâce à un récent partenariat avec le groupe Casino, MoneyGram espère déployer plusieurs centaines de kiosques automatiques en France d’ici à 2017.

A plus long terme, l’enjeu de la digitalisation sera crucial pour les acteurs du transfert d’argent, car il ouvre la voie à d’autres services bancaires destinés aux migrants. C’est dans cette optique que la start-up PayTop, épaulée par Eric Besson, a demandé à l’ACPR l’autorisation de lancer prochainement un compte de devises.

Sharon Wajsbrot, Les Echos

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